Quel est le sens de « Conseil du trône » évoqué par la génération Z dans ses revendications liées à l’époque du colonialisme français ?

Demandes de la Génération Z aux autorités marocaines

Le jeudi 2 octobre, une page sur Facebook a publié un document de revendications adressé au roi Mohammed VI, attribué à la Génération Z, sans qu’il soit clairement diffusé sur leur plateforme officielle sur l’application Discord.

Au cœur de leur document, les jeunes évoquent le « Conseil du trône » comme un symbole historique de médiation et de stabilité, le considérant comme le seul moyen de combler le fossé entre la Constitution et la réalité, et de rétablir la confiance entre le peuple et l’État.

Historiquement, ce conseil a été établi par le colonialisme français pour assumer temporairement le rôle de sultan du Maroc, après l’exil de Mohammed V par le protectorat.

Demandes du sixième jour

Lors du sixième jour de manifestations le 3 octobre 2025, le mouvement initié le 27 septembre 2025 a fait trois morts et des centaines de blessés, entraînant une réaction gouvernementale annonçant une disposition au dialogue. Toutefois, les jeunes rejettent tout dialogue sans mesures immédiates, privilégiant une approche directe auprès du roi en tant qu’« Amir des Croyants » et garant suprême de l’unité.

C’est ici que le terme « Conseil du trône » apparaît dans le document comme un médiateur historique, réclamé pour être « un garant de la sécurité de la nation et de la stabilité de son peuple ». Ils s’inspirent de l’expérience de 1955, lorsque ce conseil a résolu une crise constitutionnelle menant à l’indépendance.

Historique du Conseil du trône

Le « Conseil du trône » – ou « Conseil des gardiens du trône » – est redécouvert comme une leçon historique vivante. Ce conseil a été créé en octobre 1955, pendant la crise du protectorat français, après l’exil du sultan Mohammed V à Madagascar en 1953 pour son soutien à l’indépendance.

Les Français ont désigné Mohammed Ben Arafa comme sultan alternatif, mais il n’a pas réussi à gagner la légitimité populaire, ce qui a conduit à son abdication le 1er octobre 1955. Les autorités coloniales sont alors intervenues pour former le conseil comme une solution transitoire, composé de quatre membres éminents : Mohammed Mckri (président), Sidi Mohammed Bekay, Abd el-Hayy Ben Ammar et Abd el-Rahim Bouabid, pour gérer le vide constitutionnel et faciliter un dialogue avec la France.

Le conseil a duré seulement deux mois, signant le traité de Lausanne le 2 novembre 1955, annonçant l’indépendance du Maroc et le retour de Mohammed V le 16 novembre, qui a conduit à l’indépendance complète en mars 1956. Malgré le rejet par le Parti de l’indépendance de ce conseil comme « une solution coloniale », il a facilité une transition pacifique, transformant un outil colonial en pont vers la liberté.

Usage actuel

À l’ère moderne, le terme « Conseil du trône » est utilisé de manière figurative pour désigner les réunions royales avec les dirigeants des partis, comme dans l’article 47, pour la formation de gouvernements ou la résolution de crises. Pour la Génération Z, ce conseil représente un symbole du rôle de la monarchie en tant que médiateur neutre, dépassant la corruption politique et assurant la stabilité. Dans leur document, ils le décrivent comme un « garant de la sécurité de la nation », s’inspirant de son succès historique à rétablir la confiance entre le peuple et la monarchie.

Cette invocation est à la fois historique et politique : un appel à la formation d’un conseil transitoire pour tenir une séance nationale de reddition de comptes, afin d’initier un nouveau cycle de justice pour le Maroc.

Huit demandes : racines constitutionnelles et appel à la reddition de comptes

Le document populaire se compose de huit principales revendications, basées sur les articles de la Constitution marocaine, reflétant le désir des jeunes pour une réforme liant responsabilité et véritable reddition de comptes, tout en réaffirmant leur engagement envers la manifestation pacifique. Ces demandes ne sont pas de simples plaintes, mais un plan pour une « révolution pacifique de la conscience », reliant la réforme moderne aux leçons de l’histoire :

  1. Révocation du gouvernement actuel : En vertu de l’article 47, qui confère au roi le pouvoir de nommer et de révoquer le chef du gouvernement, les jeunes exigent le départ du gouvernement d’Achraf Ahnouch pour son incapacité à protéger le pouvoir d’achat et à garantir la justice sociale. Cette demande est devenue un slogan central dans les manifestations, considérant le gouvernement comme une cause majeure des crises croissantes.

  2. Lancement d’un processus judiciaire transparent pour tenir les corrompus responsables : Fondé sur l’article 1, les jeunes demandent l’activation des mécanismes de contrôle contre quiconque prouvé coupable de corruption ou de détournement des fonds publics, indépendamment de sa position. Ils rejettent les « réseaux de rente », jugeant la corruption comme une cause fondamentale de l’effondrement économique.

  3. Dissolution des partis politiques impliqués dans la corruption : En vertu de l’article 7, qui définit les partis comme des cadres au service de l’intérêt général, ils appellent à dissoudre tout parti prouvé complice de la corruption, les considérant comme des instruments de clientélisme au lieu de la démocratie.

  4. Activation du principe d’égalité et de non-discrimination : En se basant sur l’article 13, ils réclament des chances égales en matière d’éducation, de santé et d’emploi, loin du favoritisme, alors que le taux de chômage chez les diplômés atteint 40 %.

  5. Renforcement de la liberté d’expression et du droit à manifester pacifiquement : Fondé sur l’article 19, ils exigent la cessation des restrictions à l’égard des activistes et des étudiants, avec une distinction claire entre l’expression pacifique et la violence.

  6. Libération de tous les détenus liés aux manifestations pacifiques : Selon l’article 29, qui garantit la liberté de manifestation, ils demandent la libération immédiate des détenus, en affirmant la responsabilité individuelle de ceux ayant eu recours à la violence, parmi des centaines d’arrestations documentées.

  7. Libération de tous les prisonniers d’opinion et participants aux soulèvements populaires et mouvements étudiants : Basé sur l’article 23, qui interdit l’arrestation arbitraire, cela constitue un appel à libérer ceux qui ont exprimé pacifiquement des demandes légitimes, les considérant comme des victimes de la répression.

  8. Séance nationale publique de reddition de comptes : Ils appellent à la tenue d’une séance présidée par le roi (article 42), fondée sur des preuves montrant l’implication du gouvernement dans la corruption et la mauvaise gestion, afin d’établir un précédent historique de reddition de comptes, accompagnée d’un dossier contenant des éléments concrets.

Contenu généré à partir de la version arabe de Tanja7.com

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