À la suite de plusieurs jours de tensions sociales croissantes, le mouvement #GENZ212 est devenu un symbole de la révolte des jeunes Marocains contre ce qu’ils perçoivent comme une négligence systématique de leurs besoins fondamentaux. Ce mouvement, lancé par la génération Z (Gen Z) — les jeunes nés entre 1997 et 2012 — a commencé comme une campagne numérique sur des plateformes telles que Telegram et X, et s’est rapidement transformé en manifestations pacifiques dans des villes majeures comme Rabat, Casablanca, Tanger, Agadir et Tétouan.
Le chiffre « 212 » fait référence à l’indicatif téléphonique international du Maroc, reflétant l’identité nationale du mouvement qui vise à réorienter les priorités de l’État vers la santé, l’éducation et la justice sociale, plutôt que vers de grands projets sportifs comme l’accueil de la Coupe du Monde 2030.
#GENZ212 a émergé à la mi-septembre 2025, en réaction à un cumul d’insatisfactions économiques et sociales. Face à l’augmentation des prix des denrées essentielles telles que les pommes de terre, la viande et le poisson, et à un taux de chômage atteignant 30 % chez les jeunes, cette génération se sent complètement délaissée. Le mouvement a annoncé un plan de manifestations nationales les 27 et 28 septembre, exigeant des « droits fondamentaux », se décrivant comme la « voix du peuple » qui refuse l’abandon et la corruption. Le mouvement rappelle celui du 20 février 2011, mais il est plus numériquement organisé et axé sur les problématiques sociales, sans direction partisane traditionnelle, affichant son refus de toute interférence des partis ou des candidats.
Les revendications principales
Les priorités du peuple avant le sport et la corruption, les revendications de #GENZ212 se focalisent sur des questions concrètes reflétant la réalité quotidienne des jeunes Marocains, qui constituent environ 30 % de la population, parmi lesquelles :
- Amélioration des soins de santé : le système de santé souffre d’un manque de médecins et de médicaments, avec des slogans tels que « la santé d’abord, nous ne voulons pas de Coupe du Monde », soulignant que les milliards alloués à la construction de stades viennent au détriment des hôpitaux.
- Éducation de qualité : réduction des taux d’abandon scolaire et amélioration de la qualité pour offrir de réelles perspectives d’emploi, l’éducation étant considérée comme « les fondamentaux de la vie et du progrès ».
- Lutte contre la corruption et réduction des prix : baisse des prix alimentaires et création d’emplois décents, avec des remarques telles que « les pommes de terre sont chères, les tomates sont chères, la viande est chère, le poisson est cher, même la marijuana est chère ».
- Liberté et justice sociale : refus de la répression et des arrestations arbitraires, tout en mettant en avant l’indépendance par rapport aux partis et en appelant à l’unité nationale du nord au sud.
Les militants affirment que ces revendications sont « clairement réformatrices », avertissant que la répression « augmente la frustration », insistant sur le fait que « cette génération n’a plus peur, car elle n’a rien à perdre ».
Les événements des 27 et 28 septembre
Les 27 et 28 septembre ont marqué le paroxysme des manifestations, où le mouvement a appelé à des manifestations pacifiques dans 11 villes. À Casablanca, des milliers de personnes se sont rassemblées devant la place des Serghini, mais les forces de l’ordre ont encerclé la zone, lançant des gaz lacrymogènes et utilisant des matraques, ce qui a conduit à l’arrestation de dizaines de personnes, y compris un animateur de podcast lors de sa couverture.
À Rabat, les autorités ont interdit la manifestation devant le parlement et ont activé le « choix de l’interdiction », fermant temporairement l’ambassade israélienne par crainte d’escalade. À Tanger, les autorités ont interdit le rassemblement sur la place des Nations et ont arrêté des manifestants, tandis qu’à Agadir et Tétouan, les manifestants ont également été confrontés à une répression similaire.
Les jeunes ont scandé des slogans tels que « l’étincelle des manifestations part de Casa vers tout le Maroc », et des artistes comme le rappeur Onzi ont participé aux manifestations, répétant « présent dans les manifestations pacifiques ».
Népal
Dans le contexte des manifestations croissantes des jeunes à l’échelle mondiale, les manifestations au Népal en septembre 2025 se distinguent comme un exemple frappant de la révolte de la génération Z contre la corruption et la négligence gouvernementale, rappelant fortement le mouvement #GENZ212 au Maroc.
Les manifestations au Népal ont commencé en réaction immédiate à la décision du gouvernement d’interdire 26 plateformes de médias sociaux le 4 septembre 2025, suscitant la colère des jeunes qui en dépendent comme un outil essentiel pour l’organisation et l’expression. Ces manifestations se sont rapidement transformées en un mouvement à grande échelle, dirigé par des jeunes âgés de 13 à 28 ans, exigeant la fin de la corruption et du népotisme, ainsi que des réformes du système politique, ce qui a conduit à la chute du Premier ministre KP Sharma Oli en l’espace de 48 heures et à la formation d’un gouvernement intérimaire.
Les similitudes avec #GENZ212
La connexion fondamentale entre les manifestations népalaises et #GENZ212 réside dans leur appartenance à une vague mondiale de manifestations de la génération Z, qui défie les élites au pouvoir en utilisant les médias sociaux comme une arme à double tranchant : elle aide à une coordination rapide, mais la rend vulnérable à l’interdiction gouvernementale.
Au Népal, l’interdiction a intensifié les manifestations, des milliers de jeunes s’étant réunis à Katmandou et dans d’autres villes comme Maithighar et Ratna Park, scandant des slogans tels que « nous déciderons de l’avenir du pays » et appelant à des réformes radicales dans l’économie et la politique. Cela ressemble beaucoup à #GENZ212, qui a commencé au Maroc à la mi-septembre 2025 via Telegram et X, en exigeant l’amélioration de la santé et de l’éducation et la lutte contre la corruption, avec des slogans tels que « la santé d’abord, nous ne voulons pas de Coupe du Monde », en réponse à l’allocation de budgets énormes pour des projets sportifs aux dépens des services essentiels.
Les deux mouvements reflètent la frustration de la génération Z face à un chômage élevé (atteignant 30 % au Maroc et similaire au Népal), à l’augmentation des prix et à l’écart social, où les jeunes se considèrent comme « écrasés » sous un « système défaillant ».
Au Népal, les manifestations ont entraîné des violences, notamment des affrontements avec la police et des blessures, qualifiées de « pires troubles en décennies », tandis qu’au Maroc, #GENZ212 a connu des arrestations choquantes, comme celle d’un père et de sa fille en bas âge. Les deux mouvements rejettent également la direction partisane traditionnelle, préférant l’organisation auto-dirigée numérique, faisant d’eux un « tournant » dans la politique locale.



