Refus de répondre
Le journaliste Toufik Bouachrine a refusé de répondre aux questions concernant les accusations d’agressions sexuelles dont il a été reconnu coupable, lors d’un événement organisé par le groupe GenZ, après son élargissement par un pardon royal de Mohammed VI.
Une des participantes, nommée Chaima, a sollicité des éclaircissements sur les accusations d’agressions sexuelles et de traite des êtres humains, arguant que l’affaire était documentée par des preuves et des témoignages.
Bouachrine a indiqué qu’il ne souhaitait pas aborder ce sujet pour le moment, précisant qu’il manquait de réponses et qu’il préférait se concentrer sur la question du groupe GenZ.
Contexte de l’affaire
Toufik Bouachrine est un journaliste et écrivain marocain influent, ancien directeur du quotidien « Akhbar al-Yaoum », reconnu pour ses critiques de la politique gouvernementale et du paysage médiatique marocain. Son arrestation en février 2018 a suscité de vives controversies, avec des accusations de crimes sexuels, y compris le viol, ainsi que des charges de traite des êtres humains. Il se présente comme une victime d’une persécution politique en raison de ses écrits, tandis que les procureurs et les victimes considèrent qu’il s’agit d’une affaire criminelle réelle touchant aux droits des femmes.
Détails de l’arrestation
Arrestation initiale (2018) : Bouachrine a été interpellé le 29 février 2018 suite à des plaintes de plusieurs femmes l’accusant d’agressions sexuelles. Des enquêtes ont évoqué son implication dans une « réseau de traite des êtres humains », ce que son avocat a nié, qualifiant l’affaire de « règlement de comptes politiques ». Les victimes ont témoigné publiquement des difficultés de faire face à une personnalité influente comme Bouachrine.
Premier procès (novembre 2018) : La cour de Casablanca l’a condamné à 12 ans de prison pour viol et agressions sexuelles, ainsi qu’à une amende. Ses avocats ont dénoncé un procès « inéquitable » lié à ses critiques dans « Akhbar al-Yaoum ».
Appel et évolutions
Procès en appel (octobre 2019) : La cour d’appel a aggravé la peine à 15 ans de réclusion, confirmant ainsi la condamnation. Bouachrine a défendu son innocence, qualifiant l’affaire de « complot » visant à museler la presse indépendante.
Conditions de détention (2018-2024) : Bouachrine a passé plus de 6 ans à la prison d’Ain Sebaa à Casablanca, où sa famille a dénoncé des cas de « mauvais traitements » et le refus de soins malgré la dégradation de sa santé en mai 2023. L’organisation Reporters sans frontières (RSF) a condamné ces traitements comme des violations des droits des journalistes.
Pardon royal et libération
Le 29 juillet 2024, le roi Mohammed VI a accordé un pardon à Bouachrine, ainsi qu’aux journalistes Slimane Raissouni et Omar Radi, lors de la célébration de l’anniversaire du trône. Les trois impliqués ont qualifié leurs affaires de « fabriquées » et de « accusations sans fondement », affirmant qu’elles étaient « politiques » pour les faire taire. Leur libération a été saluée par des organisations de droits de l’homme comme RSF, mais a suscité des critiques de militants qui y voient un « laxisme à l’égard des délinquants ».
Depuis sa libération, Bouachrine a repris ses activités médiatiques sur YouTube et d’autres plateformes, où il partage des analyses politiques. En octobre 2025, il a annoncé un dialogue avec le mouvement de protestation « GenZ212 », axé sur l’avenir des médias et de la politique, ce qui a suscité des controverses, compte tenu de son refus d’aborder sa propre affaire qu’il considère liée à son activité médiatique.



