Ryanair réduit ses opérations en France pour l’hiver 2025
La compagnie aérienne irlandaise à bas coût Ryanair a annoncé une réduction significative de ses opérations en France durant la saison hivernale 2025, en réaction à l’augmentation de la taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA) imposée par le gouvernement français.
Ces diminutions incluent l’arrêt des opérations dans trois aéroports régionaux : Strasbourg (est de la France), Bergerac et Brive (sud-ouest). Ryanair desservait des destinations telles que Londres, Édimbourg, Bristol, Charleroi (Belgique), Porto (Portugal) et Agadir (Maroc).
Impact de la taxe sur les décisions de Ryanair
Dans un communiqué officiel, Ryanair a précisé que cette décision découle d’une augmentation de 180 % de la taxe de solidarité en mars 2025, passant de 2,63 euros à 7,4 euros pour les vols domestiques et ceux à destination de l’Europe. La compagnie considère cette taxe « excessive » rendant la France moins compétitive par rapport à d’autres pays européens tels que l’Irlande, l’Espagne et la Pologne, qui n’imposent pas de taxes similaires. En conséquence, Ryanair a décidé de réduire sa capacité en France de 13 %, ce qui représente 750 000 sièges en moins et l’annulation de 25 lignes aériennes.
Réactions variées à Bergerac
À l’aéroport de Bergerac, situé dans la région de Dordogne, les avis des passagers sur cette décision sont partagés. Melanie Sullivan, 71 ans, a exprimé qu’elle accepterait de payer la taxe si cela était pour des raisons environnementales. En revanche, Robert, 63 ans, a souligné que Ryanair restait une option pratique et abordable, et serait prêt à assumer des taxes supplémentaires si nécessaire. D’autres, comme Dérik, 76 ans, ont exprimé leur inquiétude, indiquant que ces annulations pourraient contraindre de nombreux seniors à cesser de voyager, surtout que conduire représente un défi pour eux.
Germainal Péro, président du conseil régional socialiste de Dordogne, a déclaré que la décision de Ryanair constitue une menace sérieuse, la compagnie représentant les deux tiers du trafic aérien à Bergerac, où 240 000 passagers ont transité en 2024.
Répercussions sur les aéroports régionaux
À Strasbourg, Jil Thillier, président du conseil d’administration de l’aéroport, a minimisé l’impact de la décision de Ryanair, notant que les réductions concernent seulement deux destinations (Agadir et Porto) avec deux vols hebdomadaires parmi 36 destinations disponibles. Il espère que d’autres compagnies reprendront ces lignes. À Brive, Julian Boni, président de la société de gestion de l’aéroport, a déploré que Ryanair cible un petit aéroport régional, soutenant que cette décision nuit aux zones rurales et que l’annulation de la ligne Brive-Porto, la plus fréquentée, entraînera une perte de 15 000 passagers par an sur un total de 98 000.
Critiques du secteur aérien
Jason McGuinness, directeur commercial de Ryanair, a critiqué ce qu’il appelle « le retard de la France » par rapport aux autres pays de l’Union européenne, notant que le trafic aérien dans le pays demeure en deçà des niveaux d’avant COVID en raison des lourdes taxes et coûts liés à la sécurité. Ryanair appelle le gouvernement français à supprimer cette taxe « nuisible » et menace de réorienter ses investissements vers des pays plus compétitifs comme la Suède, la Hongrie et l’Italie.
De son côté, l’Union des Aéroports Français (UAF) a exprimé son regret quant à cette décision, la qualifiant d’« attendue », tout en avertissant des conséquences sur les revenus, l’attractivité des destinations touristiques et l’isolement accru des régions affectées. La Fédération Nationale de l’Aviation et des Métiers (FNAM) appelle le gouvernement à réexaminer sa politique fiscale pour éviter d’autres fermetures de lignes aériennes.
Position du gouvernement français
Le ministre français des Transports, Philippe Tabarot, a affirmé que la France avait « atteint un plafond » concernant cette taxe, tout en reconnaissant l’importance du secteur aérien pour le maillage national. Cependant, la pression monte sur le gouvernement pour repenser sa politique fiscale, surtout face aux mises en garde selon lesquelles les compagnies aériennes à bas coût, dominantes dans des aéroports comme Beauvais, Carcassonne, Béziers et Nîmes, pourraient se tourner vers d’autres destinations.



