État des lieux de l’enseignement du hip-hop au Maroc

Introduction du Hip-Hop et du Breakdance dans les Écoles Marocaines : Débat Socioculturel

L’introduction récente des danses hip-hop et breakdance dans le programme scolaire au Maroc soulève un vif débat social et culturel. Certains applaudent cette initiative comme un pas vers le modernisme, tandis que d’autres, notamment des conservateurs, craignent l’influence de ces danses occidentales sur les jeunes générations.

Ce mouvement a été initié par une note émise par le ministère de l’Éducation nationale, de l’enseignement préscolaire et des sports en mai dernier, visant à former les enseignants d’éducation physique à ces danses. L’intégration de ces styles dans le cursus scolaire se fera de manière régionale et optionnelle pour les élèves.

Abdel Salam Mili, directeur du développement du sport scolaire au ministère, a précisé que cette initiative émane de la Fédération royale marocaine des sports urbains et de la danse hip-hop, fondée en 1996. Il a ajouté que le breakdance est reconnu comme discipline olympique, avec son inclusion prévue aux Jeux Olympiques de Paris 2024.

Mili a indiqué que la démarche vise à répondre aux aspirations des élèves et à favoriser la pratique sportive au sein du cadre scolaire.

Cependant, cette nouvelle orientation a également suscité des critiques sur les réseaux sociaux et dans les forums, certains y voyant une menace pour les traditions et la morale de la société marocaine. Les origines du hip-hop, né dans les quartiers afro-américains des années 1970 en réaction à la marginalisation et au racisme, sont souvent évoquées dans ce contexte.

Le débat s’est intensifié, notamment avec une question posée au ministre de l’Éducation nationale, Mohammed Sad Barada. Sa réponse en juillet n’a pas apaisé les tensions, le ministre défendant l’intégration de ces danses comme une manière de répondre aux besoins des élèves.

Des parlementaires ont toutefois souligné qu’il existait des priorités plus essentielles à traiter pour améliorer le système éducatif.

Des enseignants et des critiques artistiques ont exprimé leurs réserves sur cette décision. Hicham, professeur de mathématiques, a déclaré qu’il aurait préféré une augmentation des heures consacrées aux matières comme les mathématiques et les sciences, en particulier dans les zones rurales où les déficits éducatifs sont plus marqués.

Le critique artistique Mustafa Taleb a également manifesté son étonnement face à cette stratégie, soulignant à quel point les préoccupations soulevées lors de la diffusion d’un concert controversé au Maroc pourraient se répéter avec l’inclusion du hip-hop dans le cursus.

Par ailleurs, les parents sont partagés. Nourddine Akouri, président de la Fédération nationale des associations de parents d’élèves, a affirmé que le choix revient aux familles, étant donné que l’enseignement de ces danses est optionnel. Il a mis en avant la diversité des opinions au sein de la société marocaine, où cohabitent des valeurs traditionnelles et des aspirations modernes.

Ce débat sur l’intégration du hip-hop et du breakdance dans les programmes scolaires marocains illustre ainsi les tensions entre modernité et tradition dans le paysage éducatif du pays.

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