« Projet d’abolition de la prostitution en Espagne »

Proposition de Législation Anti-Discrimination Sexuelle en Espagne

La ministre espagnole de l’Égalité, Ana Redondo, a annoncé l’intention de son ministère de soumettre une série de mesures destinées à lutter contre la discrimination sexuelle au gouvernement en septembre prochain. Ces mesures incluent un projet de loi préliminaire visant à abolir la prostitution.

Selon l’agence de presse EFE, cette initiative s’inscrit dans un effort plus large du gouvernement espagnol pour promouvoir l’égalité de genre et combattre l’exploitation des femmes. La ministre a souligné l’importance d’atteindre une "qualité démocratique et féministe plus élevée" lors d’une conférence de presse.

Cette annonce fait suite à des tentatives législatives antérieures qui n’ont pas réussi à atteindre cet objectif, poussant le gouvernement à adopter une nouvelle stratégie par le biais d’un projet de loi.

Situation de la Prostitution en Espagne

La prostitution en Espagne n’est pas directement réglementée par la loi. Elle a été dépénalisée en 1995, contribuant à l’émergence d’un secteur estimé à 3,7 milliards d’euros par an, selon des rapports médiatiques. En 2016, des estimations du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (UNAIDS) indiquaient la présence d’environ 70 268 personnes travaillant dans la prostitution, avec d’autres évaluations allant jusqu’à 300 000, majoritairement des femmes, dont beaucoup sont des migrantes.

Cependant, la diffusion d’informations entre les travailleurs du sexe et leurs clients reste illégale, illustrant une contradiction dans les politiques en vigueur qui rendent la prostitution volontaire légale tout en criminalisant son exploitation.

Motivations derrière la Nouvelle Législation

L’initiative d’abolir la prostitution découle de motivations sociales et politiques. Ana Redondo a cité un rapport de l’unité anti-corruption relatif à l’affaire de José Luis Abalos comme un "miroir" révélant l’urgence d’agir. Elle a affirmé qu’il était temps d’agir avec vigueur contre cette problématique. Les partisans de cette législation considèrent la prostitution comme une forme de violence envers les femmes et une manifestation de la pauvreté. Le Premier ministre Pedro Sánchez a également souligné ce point dans son discours électoral de 2019. Des rapports indiquent que plus de 80 % des travailleuses du sexe pourraient être victimes de réseaux criminels ou de traite des êtres humains, renforçant ainsi l’argument en faveur de l’abolition.

Défis de la Législation Proposée

Malgré les intentions gouvernementales, le projet de loi fait face à d’importants défis. Tout d’abord, l’opinion publique et politique est divisée sur la question de l’abolition. En 2022, des manifestations ont eu lieu en Espagne contre un projet de loi similaire, menées par des tenanciers de maisons closes et des travailleurs du secteur, qui craignaient d’être poussés à travailler dans l’illégalité, augmentant ainsi les risques de violence et de maladies sexuellement transmissibles. Susana Pastor, présidente de la "Plateforme contre l’abolition", a averti que la législation pourrait mener les travailleurs du sexe à des conditions encore plus précaires.

Ensuite, certains argumentent que la prostitution constitue un revenu crucial pour de nombreuses femmes, en particulier des migrantes et des mères célibataires, qui dépendent de cette activité pour subvenir à leurs besoins. Des rapports ont montré que la pandémie a conduit beaucoup de femmes en Espagne à rejoindre ce secteur en raison de la pauvreté croissante. Par exemple, les tarifs des services sont tombés à 15 euros dans certaines régions, soulevant des questions sur la manière de fournir des alternatives économiques à ces femmes en cas d’abolition de la prostitution.

Opinions Divergentes

La prostitution reste un sujet de controverse en Espagne. D’un côté, les partisans de son abolition la considèrent comme une forme d’exploitation et de commercialisation des femmes, arguant que l’interdiction protégera les victimes et favorisera l’égalité. De l’autre côté, certains défendent une régulation de la prostitution, estimant que cela offrirait une meilleure protection aux travailleurs, à l’image de certains pays comme les Pays-Bas et l’Allemagne. Il existe également des craintes que l’interdiction puisse accroître l’activité illégale, exposant davantage les travailleurs à des risques accrus.

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